Dans cette lettre parvenue à la rédaction de Bafujiinfos, les populations des villages de Donsère, Gangalma, Fadio et Sourapèra lancent un appel au ministre de l’Environnement afin qu’il se penche sur leur cas car disent-ils les eaux et forêts posent des actions à leur encontre. Lisez plutôt !
Nous, populations des villages de Donsère, Gangalma, Fadio et Sourapèra, vous adressons nos salutations les plus respectueuses et portons à votre attention les traitements indignes que nous subissons de la part des agents des eaux et forêts des postes de Poni et de Kpuéré.
Nos villages existent depuis plus d’un siècle, bien avant la classification de la forêt de Koulbi en forêt classée. Depuis toujours, nous cultivons les terres situées aux abords de la forêt, qui constituent notre unique source de subsistance. Pourtant, nous constatons avec indignation que nous sommes aujourd’hui traités comme des étrangers sur nos propres terres.
Les agents forestiers, sous prétexte que nous serions installés dans la forêt, nous harcèlent quotidiennement : ils frappent nos parents, nous exigent des paiements illégaux sans quittance, nous empêchent d’accéder aux ressources naturelles essentielles et menacent notre survie économique. Pendant ce temps, d’autres personnes s’installent au cœur même de la forêt et exploitent ses ressources sans être inquiétées.
Face à cette situation inacceptable, nous saisissons cette occasion pour solliciter votre intervention urgente et vous dénoncer les abus graves dont nous sommes victimes. Entre autres faits, nous pouvons retenir :
Traitements inhumains et extorsions
Les agents des eaux et forêts usent de violences physiques et d’intimidation contre nos populations ;
Ils exigent des paiements allant de 100 000 à 500 000 francs CFA, sous menace, sans délivrance de quittance, simplement parce que nous cultivons nos champs.
Injustice et favoritisme
Nous sommes interdits d’accès aux pâturages et au bois mort, alors que les éleveurs et orpailleurs jouissent d’une totale impunité ;
Des accords clandestins entre certains agents forestiers et des exploitants miniers leur permettent d’opérer illégalement dans la forêt.
Saisies arbitraires et exactions
Nos animaux (volailles, petits ruminants, chiots) sont saisis de manière illégale sans aucun fondement juridique ;
Des habitants sont arrêtés arbitrairement sans motif valable.
Destruction de l’environnement et complaisance avec les orpailleurs
Tandis que nous sommes persécutés pour nos activités agricoles traditionnelles, les orpailleurs détruisent la forêt avec la complicité apparente des agents forestiers ;
L’orpaillage anarchique et incontrôlé met en péril l’écosystème de la forêt classée.
Atteinte à la cohésion sociale et discrimination flagrante
Ces injustices sapent la confiance des populations envers les institutions ;
Nous avons le sentiment d’être considérés comme des étrangers sur nos propres terres, alors que nous sommes des citoyens burkinabè.
Monsieur le Ministre, au regard de ce qui précède, nous attendons et demandons ce qui suit :
Mener une enquête approfondie pour établir les responsabilités des agents impliqués ;
Garantir le respect des droits des populations riveraines et mettre en place un cadre de gestion équitable de la forêt ;
Clarifier et matérialiser les limites de la forêt classée pour prévenir les conflits futurs et éviter que nos villages ne soient injustement considérés comme « installés dans la forêt ».
Nous restons disponibles pour toute information complémentaire et pour collaborer avec les autorités dans la recherche de solutions durables.
Dans l’attente d’une action diligente de votre part, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre haute considération.
Fait à Gangalma, le 11 février 2025
Ont signé :
SOME Kobina Producteur à Donsère
DAH Légboulté producteur à Gangalman
DAH Tivrité Producteur à Fadjo
DAH Badon Producteur à Sourapèra
Ampliation
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