À Ponalatéon, village de la commune de Gbomblora dans la région du Djôrô, le destin d’un jeune homme force l’admiration. Parti de rien, après plusieurs tentatives infructueuses à l’étranger, Da Dapour s’impose aujourd’hui comme l’un des éleveurs et cultivateurs les plus respectés de sa localité.
À seulement 16 ans, Da Dapour se lance dans l’aventure. Sept années en Côte d’Ivoire, quatre au Ghana et neuf à Gaoua : au total, vingt années passées loin de son terroir, dans l’espoir de bâtir un avenir meilleur. Mais les efforts ne portent pas les fruits escomptés. En 2013, il décide de revenir chez lui et de se lancer dans l’élevage. Avec de très modestes moyens, il débute avec un ou deux poulets. « J’ai commencé par demander les poules des gens pour élever. Quand ça devenait beaucoup, ils enlevaient ma part. Petit à petit, ça prospérait. J’ai ensuite acheté des plaques solaires et des couveuses. C’est ainsi que tout a commencé », confie-t-il.
Ce geste simple marque le point de départ d’une aventure qui allait transformer sa vie.
Une ferme en pleine expansion
À force de courage et de patience, son petit élevage a pris de l’ampleur. Lors de notre passage, malgré une vente récente, il disposait encore de près de 200 volailles. Les revenus tirés de la volaille lui ont permis de diversifier son cheptel : plus de 100 ovins, une trentaine de porcs et même des bovins. En parallèle, il cultive de vastes superficies pour nourrir sa famille et assurer ses revenus.
Pour lui, élevage et agriculture se complètent parfaitement : « Quand la saison agricole arrive, ce sont les bénéfices de la vente des poules qui me permettent de financer les dépenses agricoles. Après la récolte, j’utilise une partie pour soutenir l’élevage », explique-t-il.
Des défis quotidiens
Comme tout entrepreneur rural, Da Dapour fait face à des difficultés. Le manque de financement, la mortalité des volailles et l’écoulement de la production restent ses principales préoccupations. « Une année, j’ai perdu plus de 700 poules. Ce fut un coup dur, mais j’ai eu le courage de relancer. Le plus grand problème, c’est le marché : je n’ai pas encore de clients réguliers. Du coup, les poules grossissent trop et je suis obligé de les céder à vil prix pour libérer de l’espace », regrette-t-il.
Malgré ces épreuves, il garde le cap. Avec persévérance, il poursuit son ambition de faire de l’élevage un moteur de développement à Ponalatéon.
Une réussite qui inspire
Aujourd’hui, grâce à ses activités, Da Dapour subvient aux besoins de sa famille avec assurance : « C’est grâce aux poules que j’ai pu acheter les porcs et les bœufs. Je rends gloire à Dieu, car c’est aussi par ce travail que je paie la scolarité des enfants et que je cultive de grandes superficies », se réjouit-il.
Son frère aîné, Yao Da, ne tarit pas d’éloges : « Dapour est un brave. Il prend en charge beaucoup de responsabilités familiales. C’est quelqu’un de courageux et sérieux. Je lui souhaite d’avoir des partenaires qui l’accompagneront dans son projet. »
Des ambitions claires pour l’avenir
Da Dapour rêve de professionnaliser davantage son élevage et de créer un complexe moderne capable d’abriter toutes les activités liées à la filière. Mais pour y parvenir, il appelle à l’accompagnement des partenaires : « Si je trouve des personnes prêtes à m’accompagner, ce sera une grande joie », plaide-t-il.
Un message fort à la jeunesse
Au-delà de son parcours, il adresse un appel vibrant aux jeunes : « Quel que soit le métier, seuls l’amour, la persévérance et l’espoir permettent de réussir. La jeunesse ne doit pas négliger l’élevage : c’est une activité noble, riche et porteuse d’avenir. »
L’histoire de Da Dapour est celle d’un jeune revenu les mains vides de ses aventures, mais qui a trouvé, dans son terroir, la clé de sa réussite. Plus qu’un parcours personnel, son exemple trace une voie pour toute une génération : bâtir chez soi, croire en ses terres, plutôt que de courir derrière des mirages ailleurs.
Wono Da & Antoine Bicaba
