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Les Echos du Sud-Ouest

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CHR de Gaoua : « je pense qu’un seul radiologue, c’est comme une goutte d’eau dans la mer »


Le Centre hospitalier régional de Gaoua (CHR) est constitué de différents services, chacun jouant sa partition. Au nombre de ces services, nous avons celui de l’imagerie encore appelé service de radiologie.  Ce service a un but diagnostique. Bafujiinfos est allé à la découverte de ce service. A l’occasion, nous avons rencontré, pour un entretien, le docteur RAMDE, médecin radiologue, chef de service d’imagerie médicale du CHR de Gaoua, assistée par M. KINDA, major du service. Ils nous parlent de leur service. Lisez plutôt !

Bafujiinfos : présentez-nous le service de l’imagerie du CHR de Gaoua.

Chef de service d’imagerie: avant tout propos, nous allons vous remercier pour l’honneur que vous nous faites à travers cette interview qui va contribuer à faire connaitre à la population, notre service d’imagerie.  Disons que le service d’imagerie est aussi celui-là, communément appelé service radio. Ce service a pour but d’accompagner les praticiens dans le cadre de la prise en charge des pathologies, en les orientant sur le plan diagnostique. Le service de l’imagerie a un but plus diagnostique que thérapeutique. Nous ne soignons pas dans ce service, nous aidons à orienter vers le diagnostic de la pathologie. Nous offrons des services de radiographies et d’échographies.

Bafujinfos : quelle est la composition du personnel de ce service ?

Chef de service : notre service comporte un médecin radiologue, cinq techniciens d’imagerie médicale et une fille de salle pour nous accompagner dans les tâches particulières le nettoyage, les branchements, …

Bafujiinfos : En moyenne, combien de patients recevez-vous par jour, pour vos différentes prestation ?

Chef de service : disons qu’en moyenne, nous pouvons avoir, pour ce qui est de l’échographie, une vingtaine de patient par jour. Nous avons approximativement le même nombre au niveau de la radiographie. En moyenne, nous recevons donc environs quarante patients par jour.

Bafujiinfos : parvenez-vous à satisfaire les attentes de vos patients ?

Chef de service : il faut dire que nous essayons autant que nous pouvons, de satisfaire le patient. Mais certains patients ne peuvent pas avoir leur examen le même jour, au regard de la fréquentation. Parce que quand tu arrives dès 7h, il n’est pas rare de se retrouver déjà avec une quinzaine de patients qui attendent. Et, au fur et à mesure, il peut y avoir des urgences qui s’annoncent ; de telle sorte qu’il est difficile de prendre des patients qui viennent, à partir de 10h, pour des examens non urgents. En de pareilles situations, ces derniers sont reprogrammés pour le lendemain ou carrément pour un autre jour, en fonction du type d’examen. C’est donc sûr qu’un patient qui arrive, et qui s’attend, tout de suite et maintenant à avoir son examen et que l’on lui demande de revenir demain, vue l’affluence, celui-là, ne sera certainement pas satisfait. Mais nous n’avons pas le choix que de faire ainsi.

Bafujiinfos : quel est le dispositif matériel de votre service d’imagerie ?

Chef de service : il faut dire qu’actuellement, nous avons un appareil d’échographie. Il y a environ deux années de cela, nous en avions deux. Malheureusement, en début d’année 2018, l’un est tombé en panne, nous laissant avec un seul appareil qui ne comporte pas toutes les fonctions. Ce qui fait que nous ne pouvons pas réaliser un certain nombre d’examens. Pour ce qui est de la radiographie, nous avons deux appareils, une table hausse-poumon et une table télécommandée. A ce niveau, nous arrivons à réaliser le maximum, sauf les examens spécialisés tels que ‘’l’isthéro-salpinnographie’’, les lavements, … Autrefois, nous réalisions ‘’l’isthéro-salpinnographie’’ mais avec du matériel,  nous n’y arrivons plus depuis environs six mois.

Bafujiinfos : Du matériel en panne depuis environ un an. Et pourtant, ce n’est pas le besoin qui manque. Qu’est-ce qui explique cela ?

Chef de service : en fin 2017, nous avons fait des expressions de besoin. Et, le ministère a décidé d’accompagner un certain nombre de CHR pour l’acquisition du matériel. A l’occasion, notre service a demandé un appareil d’échographie et une table de radiographie. Ce besoin a été approuvé. Nous attendons donc le nouveau matériel pour déclasser l’ancien. En effet, ces appareils en pannes sont de vieux appareils, de génération dépassée et irrécupérables. Au début, il y a eu des tentatives de réparation sans succès. Ainsi, nous sommes toujours en attente du nouveau matériel qui devra arriver incessamment, avant la fin de l’année, si tout se passe comme prévu.

Bafujiinfos : quelle est la durée moyenne des résultats des examens ?

Chef de service : le résultat du patient est prévu pour le même jour. Vu que je suis la seule à faire les examens et à faire les comptes rendus, je procède par un lot de cinq examens, puis j’établis les comptes rendus de chaque examen avant de libérer le patient. Je peux dire que la durée d’attente des résultats est à environ une heure, parce que par examen, j’ai environ quinze minutes à faire. Ainsi, quinze minutes fois cinq, cela donne environ une heure. Contrairement aux résultats d’échographies qui peuvent s’obtenir au bout d’une heure après l’examen, les examens de radiographie, eux peuvent prendre beaucoup plus de temps. Le plus souvent, le  patient est convoqué dans l’après-midi.

Bafudjiinfos : qu’est-ce qui explique, par moment, le manque de matériel de travail tel que les films (les supports radiographiques),empêchant le fonctionnement du service, au point que le patient soit obligé de se réfugier à Bobo ou à Ouagadougou ?

Chef de service : Disons que c’est un problème qui persiste toujours, parce que sur le marché même, les films que nous utilisons ne sont plus assez disponibles. Ces films-là, ont même tendance à disparaître. En Europe, ils ont tendance à revenir sur les films papiers, parce qu’ils se conservent mieux et protègent mieux la nature. Cette évolution raréfie la disponibilité des films que nous utilisons actuellement sur le marché. Ceci étant, si le patient est là pour sa radio et que nous n’avons pas de film, il va sans dire que nous le reprogrammions  à une date où nous espérions obtenir le matériel nécessaire, sachant bien que ce délais ne dépendant pas forcement de nous.

Bafujiinfos : quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans le fonctionnement de votre service ?

Chef de service : les difficultés n’en manquent pas. Je commence par le volet ressource humaine. Le fait que je sois seule est déjà une limite. Parce que, quoique l’on dise, en plus de la vie professionnelle, il y a aussi celle sociale qui a également besoin d’être gérée. Il arrive des moments où l’on est obligé de se déplacer pour des raisons familiales. En de pareil cas, puisque je suis seule, il n’y a pas de remplaçant, il y a automatiquement dysfonctionnement du service. Et quand les patients viennent, on leurs demande de passer à une date ultérieure, ce qui n’est vraiment pas bien. Cela est d’autant plus criard au regard du fait qu’il s’agit du seul Centre hospitalier régional qui abrite le seul service imagerie de la région. Pour une si grande couverture, « je pense qu’un seul radiologue, c’est comme une goutte d’eau dans la mer ». Le nombre des techniciens est aussi insuffisant. Au nombre de cinq, ces derniers ne sont pas à même d’assurer des gardes. Et pourtant, en matière de traumatologie, la région n’est pas épargnée. Il y a beaucoup d’accident et à tout moment, il y a des besoins de réaliser des radiographies. Par ailleurs, la récurrence des pannes est une véritable difficulté. Nous faisons rarement un mois sans une panne. Soit c’est l’appareil qui tombe en panne, soit c’est un manque de matériel. Et, lorsqu’il y a une panne, l’on met beaucoup de temps à le régler. Il est difficile de fonctionner en temps plein pendant un mois sans rupture.

Bafujiinfos : quel est l’appel que vous avez à lancer aux autorités et à toutes autres personnes pour l’amélioration du fonctionnement de votre service ?

Chef de service : l’appel que nous avons à lancer est que l’on puisse nous aider à acquérir du matériel performant. Particulièrement, à l’endroit de l’administration de CHR, c’est de mettre tout en œuvre afin que le matériel puisse bénéficier de maintenances afin d’éviter des ruptures, pouvant provoquer des désagréments.  Nous avons une idée du nombre de patient que nous recevons en moyenne par an. Nous faisons donc une estimation des besoins du service. Et pourtant c’est à contre-goutte que le matériel, les consommables nous sont livrés. Il faut donc favoriser la livraison annuelle tenant compte des besoins exprimés. Même si le patient doit être renvoyé pour raison de panne, qu’il ne le soit pas pour un manque de film. A ces appels s’ajoute celui du renforcement de la ressource humaine du service.

Pour renchérir ces différents appels en vue d’améliorer le fonctionnement du service d’imagerie de la région, KINDA Karim, major du service, lance un appel à une dotation du service, d’un scanneur, afin que les patients ne soient plus obligés de faire le déplacement de Bobo ou Ouagadougou  pour des examens de scanner.

 Narcisse SOME



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