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Les Echos du Sud-Ouest

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AFFAIRE DE LIBERATION DE PRESUMES TRAFIQUANTS DE DROGUES DE KAMPTI : il ne s’agit nullement de complicité


L’information est relayée par des activistes sur les réseaux sociaux. Des trafiquants de drogues arrêtés à Kampti par la police ont été relâchés à Gaoua après leur déferment. Pour eux cette affaire n’est pas claire. Pour mieux comprendre ce qui s’est passé, Bafujiinfos a rencontré le substitut du procureur près le tribunal de grande instance de Gaoua, Nombré Abdoul Rasmané ce lundi 30 septembre 2019. Pour lui, ces présumés malfrats ont simplement bénéficié d’un coup de chance. Leur libération ne signifie nullement que l’affaire est close. Ils comparaitront à l’audience du 29 octobre 2019.

Bafujiinfos : Il y a une affaire de libération de présumés trafiquants de drogue, qu’est-ce qui s’est passé au juste ?

Substitut du procureur : Le vendredi 27 (septembre 2019), j’étais entrain de prendre service à Kaya parce que je suis affecté, je dois aller à Kaya comme juge d’instruction. Donc je suis allé faire le point avec le juge d’instruction partant. J’étais là-bas quand mon stagiaire m’a appelé qu’il y a eu un déferment de trois personnes alors que je n’étais pas au courant qu’il devait y avoir un déferment. Je lui ai demandé de lire le dossier et me faire le point, de quoi il s’agit exactement et on va voir ce qu’on peut faire. Il n’y avait pas quelqu’un pour signer, il n’y avait que le juge au siège. Et pour moi, un juge au siège ne peut pas signer un mandat de dépôt de procureur parce qu’il est interdit au nom de la séparation des fonctions juridictionnelles d’être celui qui poursuit et celui qui juge en même temps. Le juge au siège s’il signe un mandat de dépôt, il a la probabilité de croiser le même monsieur qu’il a déposé à l’audience pour le juger. Ça c’est ma conception des choses. Alors qu’est-ce qu’il fallait faire ? Personnellement, je n’avais jamais su qu’on avait interpellé des gens à la police de Kampti pour faits de détention de drogue. On ne m’a jamais appelé qu’il y aurait déferment. Donc je suis parti en voyage et arrivé la situation est là. Donc quand le stagiaire a lu le P.V et il m’a fait le point, je lui ai dit de les poursuivre suivant la procédure de flagrant délit et les laisser libres, ils vont partir et leur signifier la date de leur audience, la date à laquelle, ils seront jugés. Je pourrais vous lire,  c’est écrit « En conséquence, nous lui avons déclaré   qu’il sera traduit devant la police correctionnelle suivant la procédure de flagrant délit pour être jugé en raison de la prévention ci-dessus mais le laissons libre, lui notifions sa comparution  à l’audience du 29 octobre 2019 ». Ça veut dire que la police a amené des gens, on les a laissés repartir à la maison mais l’affaire n’est pas finie. Le dossier sera jugé en audience du 29 octobre. A l’audience du 29 octobre, s’ils comparaissent, le juge appréciera s’il faut les déposer ou pas. Ça relève maintenant du pouvoir souverain du juge. S’ils ne comparaissent pas à partir du moment où on leur a notifié la date de l’audience, ils seront jugés encore contradictoirement et le juge peut décerner un mandat d’arrêt contre eux s’il estime nécessaire. Donc je ne comprends pas pourquoi des gens n’ont pas cherché à comprendre ce qui s’est passé, personnellement, personne ne m’a appelé alors que la plupart de ces personnes qui font les publications sur les réseaux sociaux ont mon numéro. Au moins ils devaient m’appeler pour comprendre avant d’écrire maintenant ce qu’ils veulent. S’ils savent ce qui s’est passé et ils décident maintenant d’écrire, ça moi je ne peux pas empêcher quelqu’un de faire des commentaires sur tout acte que je pose dans ma fonction. Les gens ont le droit de faire des commentaires mais quand on parle comme si je protège les drogués, c’est ça qui me pose problème. Je n’ai rien à cirer avec ça. Ils ont eu la chance qu’il n’y avait pas de signataire, ils sont repartis chez eux à la maison mais ils seront jugés. Je ne peux pas détenir quelqu’un sans mandat de dépôt. Je ne peux pas quitter Kaya non plus pour venir signer le mandat de dépôt, ce n’est pas possible. Donc voici les faits. Je n’ai rien à me reprocher, ma conscience est tranquille, j’ai fait mon travail.

Bafujiinfos : Vous dites qu’ils sont libres, cependant ils doivent comparaitre à l’audience du 29 octobre mais au cas où ils ne viendraient pas qu’est-ce qui va arriver ?

Substitut du procureur : C’est ce que j’ai dit, puisque la date du 29 leur a été notifié sur le procès-verbal et ils ont signé le procès-verbal, donc à l’audience, le juge est convaincu qu’ils ont été informés de la date de l’audience donc, il est libre de les juger et de considérer qu’ils étaient présents dans la salle. Ils ont refusé de venir se défendre, ça c’est leur problème. Il regarde ce qui est dans le dossier, il les juge et il peut décerner un mandat d’arrêt contre eux, on va les rechercher, les interpeler et puis venir les déposer.

Bafujiinfos : Donc il ne s’agit nullement de complicité de quelque nature que ce soit ?

Substitut du procureur : Quelle complicité ? Je vais couvrir des drogués pourquoi ? Je pense que beaucoup de gens me connaissent à Gaoua. Ça fait 5 ans que je suis là. Je fais partie de ceux qui sont très sévères en matière de stupéfiants.  Mais je ne pouvais pas faire autrement. Pour moi j’ai fait mon travail, libre à chacun d’apprécier. J’ai la conscience tranquille.

Propos recueillis par Dar Flavien DA



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