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Les Echos du Sud-Ouest

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LUTTE CONTRE LES MGF : L’APFG veut mettre en place des stratégies innovantes de lutte


L’Association pour la Promotion Féminine de Gaoua  (APFG) a organisé le vendredi 27 septembre 2019, un atelier régional d’information, de sensibilisation et de plaidoyer au profit des autorités administratives et des associations et mouvements de jeunesse et de femmes de la région du Sud-ouest. L’objectif de cet atelier est de contribuer à une mobilisation sociale permanente favorable à l’abandon de l’excision et des violences basées sur le genre. Il a été possible grâce au soutien financier du fond mondial des femmes. C’est le gouverneur de la région du sud-ouest, Tagsséba NITIEMA qui a présidé cette rencontre.  

L’excision est une pratique qui a la peau dure au Burkina Faso. Malgré les multiples campagnes qui se poursuivent depuis des années, la pratique de l’excision demeure et constitue de nos jours un problème de santé publique dans notre pays. En plus d’être une violation grave des droits humains, elle porte atteinte à l’intégrité physique et morale de la jeune fille. La région du sud-ouest de par sa situation géographique fait partie des zones les plus touchées par cette pratique qui s’est fondue dans la clandestinité et est beaucoup plus transfrontalière depuis un certain temps. Cependant on assiste à une recrudescence de la pratique depuis le premier trimestre de l’année 2019. En effet, des cas d’excision ont été enregistrés dans plusieurs communes de trois provinces de la région à savoir la Bougouriba, le Noumbiel et le Poni avec au total 185 cas enregistrés par les services de l’action sociale dont de nombreux élèves. Malgré l’existence des lois, la constitution de réseaux de partenaires et l’engagement des autorités, ces poches de résistance existent du fait du relâchement des activités de communication et de sensibilisation ciblées en direction des communautés. C’est fort de ce constat alarmant que l’APFG a initié cet atelier. Il est l’occasion pour les acteurs de se familiariser avec les textes juridiques relatifs à la pratique des MGF (Mutilations Génitales féminines) et les autres formes de violences basées sur le genre et définir une feuille de route consensuelle dans la lutte contre ces pratiques dans la région du sud-ouest. L’atelier a regroupé les autorités administratives, coutumières et religieuses, les responsables des collectivités territoriales, les responsables des services techniques, les responsables de mouvements et associations de jeunesse et de femmes, …

Pour la Présidente de l’APFG, Ini Inkouroba DAMIEN/YOUL,  « C’est ensemble que nous allons trouver des solutions innovantes pour lutter contre l’excision dans la région du sud-ouest. Le 15 mai 2019, l’association  a organisé un atelier sur l’excision suite aux cas enregistrés à Périgban. Aujourd’hui encore c’est un atelier sur le même fléau. Nous voulons en finir avec cette pratique. Nous voulons que les autorités s’engagent davantage dans cette lutte » a-t-elle dit. « Aujourd’hui, ce sont des actions fortes, ce sont des stratégies innovantes que nous voulons pour que tout le monde s’engage afin que dans les années à venir on puisse abandonner l’excision et les autres formes de violences basées sur le genre » a ajouté Madame DAMIEN. Le Gouverneur est  le président du comité régional de lutte contre la pratique de l’excision. Il a en cette qualité présidé cet atelier. « Le phénomène prend de l’ampleur et ce qui est encore plus grave, c’est que l’âge des filles soumises à l’excision est de plus en plus bas. Le phénomène est aussi préoccupant du fait de la position géographique de notre région qui est entre deux pays, à savoir la Côte d’Ivoire et le Ghana ce qui fait que malgré les efforts, les pratiquants de ce fléau trouvent des échappatoires entre les deux pays » a-t-il regretté.  Il a donc invité les acteurs à une participation active afin de tirer le maximum de profit des échanges pour être mieux armés face à ce fléau. Des ex exciseuses ont également pris part à cet atelier. Sonondjilèna KAMBOU du village de Djonso dans la commune de Gaoua est une ex exciseuse qui a abandonné la pratique il y a une vingtaine d’années. Son champ d’action s’étendait sur quatre (4) villages. Aujourd’hui, elle affirme  avoir tout abandonné. «  Si je vois quelqu’un exciser une fille, je vais le dénoncer. J’ai sensibilisé les chefs de terre de ne pas permettre qu’on envoie les filles ailleurs dans d’autres villages exciser » a-t-elle dit.  Au sortir de cette formation, elle compte poursuivre la sensibilisation pour mettre fin à cette pratique néfaste.  Yéri YOUL est aussi une ex exciseuse du village de Hello dans la même commune. Elle a eu moins de chance que son collègue de Djonso. C’est après  avoir été arrêtée et déferrée qu’elle a abandonné la pratique. Aujourd’hui, elle connait les conséquences de l’excision. Elle sensibilise la population de son village à son abandon. Elle dit être prête à dénoncer tous les cas d’excision ce qui fait que beaucoup de personnes autour d’elle ont peur de continuer. Comme ces exciseuses, cette formation a aussi été bénéfique pour  Y. Yéri Pauline DAH coordonnatrice provinciale des femmes du Noumbiel . « Je félicite l’APFG pour ce qu’elle fait pour les femmes de la région. Cette formation me va droit au cœur parce qu’elle m’a permis de comprendre et de voir la réalité en face. J’ai appris plus, je crois qu’à mon retour je fais transmettre ce que je suis venue apprendre aux femmes du Noumbiel ». Pour elle, on n’arrive pas à mettre fin à l’excision parce que les gens n’ont toujours pas compris. Même si la sensibilisation doit continuer, il faut innover. « Il faut que la sensibilisation commence maintenant dès le bas âge. Si un enfant sait que l’excision est mauvaise, même si on l’envoie pour exciser, elle va refuser. L’enfant peut amener ses parents à ne plus pratiquer l’excision » a-t-elle suggéré.

Au cours de cet atelier tenu à l’Hôtel Nongtaaba, les acteurs ont pu suivre des communications sur les MGF et les violences basées sur le genre avant de se retrouver en groupes pour proposer des stratégies afin de venir à bout de ce fléau. L’APFG a bénéficié pour la tenue de cet atelier de l’accompagnement du Fonds Mondial pour la femme.

Dar Flavien DA




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